Qui est Florian Nardone ?
"Bordeaux : "On est un tas de chair", rencontre avec Violente Viande, instagrammeur contesté
Florian Nardone, alias Violente Viande est un instagrammeur bordelais. Il se démarque par son humour noir qui choque sur les réseaux sociaux.
400 000 abonnés sur Instagram, 10 300 sur Twitter : Florian Nardone, alias Violente Viande, est un humoriste remarqué. Qui choque parfois. Son compte instagram a d’ailleurs été récemment bloqué suite à des signalements d’internautes.
Natif de Bordeaux (Gironde), l’auteur se distingue par ses posts trash : de l’humour cru, des blagues parfois qualifiées de sexistes et de la provocation. Il nous explique sa démarche.
Actu : Comment êtes-vous devenu l’influenceur que vous êtes ?
Florian Nardone : J’aime écrire, inventer des blagues. Pourtant au début je n’avais pas pris cette voie, je gérais ma marque de montres avec des amis. Mais dans le même temps, j'écrivais des conneries pour moi ou pour mes potes que je partageais sur les réseaux sociaux, ça nous faisait marrer. C’est comme ça que l’histoire a démarré. J’ai décidé ensuite de me professionnaliser en publiant mes blagues sur Instagram. J'ai créé mon compte en avril 2017 et très vite ça a pris, mes posts étaient remarqués, les likes s'accumulaient comme les partages. Des agences de pub se renseignaient sur moi pour des partenariats… En y repensant j'ai eu de la chance d'être connu assez vite.
Pourquoi s'appeler violente viande ?
FN : Je n'aime pas les gens. On pourrait me qualifier de misanthrope. Je trouve que l'être humain est violent et hypocrite. Il est avant tout fait de chair, un tas de chair violente. Alors voilà c’est violente viande ! On se comporte comme si on valait plus que les autres espèces existantes. C'est vrai que mon discours peut paraître antispéciste, mais il faut que l'être humain arrête de se prendre pour quelqu'un de bien, de supérieur.
Votre compte qui cumulait 400 000 abonnés au compteur été bloqué, vous savez pourquoi ?
FN : Mon compte est fermé depuis un mois. Un matin je voulais faire un tour sur Instagram et hop, "votre compte est suspendu, etc." C'est perturbant au début, on ne sait pas quoi faire, on cherche pourquoi aussi. En enquêtant, je me suis aperçu que certaines de mes publications se faisaient beaucoup signaler. À force, Instagram vous surveille de plus en plus jusqu’à la publication de trop. Mais c'est incohérent, le robot va censurer des comptes d'artistes, où les auteurs qui publient font très attention à la nudité, veillent à ce qu'on ne voit pas de tétons par exemple. Mais à l'inverse, il ne censure pas les comptes pornographiques.
J'ai demandé la réouverture de mon compte, mais je n'ai pas eu de réponse pour le moment. Tout le monde doit être en vacances à Instagram, à la rentrée je suis pratiquement sûr que ce sera réglé.
Avec cet humour parfois cru visant souvent des femmes, n'avez-vous pas l'impression de banaliser le sexisme ?
FN : J'ai un problème avec le mot sexisme. Je trouve que ce mot considère qu'il existe un sexe inférieur à l'autre, et ça n'a jamais été ma pensée ni dans mes blagues, ni dans mes intentions. Mais c’est mon point de vue. Il y aura toujours des gens qui penseront que oui je suis sexiste et je peux tout à fait l'entendre.
Je pense que c'est mieux de pointer du doigt le problème, d’en rire, plutôt que de ne rien dire et faire comme si le sexisme ça n'existait pas. Je pense que l'humour reste une bonne manière d'aborder le sujet.
Vous sentez-vous féministe ?
FN : Je me sens concerné par la cause féministe. Aujourd'hui, se proclamer féministe passe par les actes, des gestes ou des attitudes. Pour ma part, je me suis beaucoup renseigné, j'ai lu des livres de Virginie Despentes, Susan Faludi, Valérie Solanas et étudié différents courants du féminisme. Je me suis intéressé à ces sujets pour comprendre la cause. En tant que mec, on ne m'a jamais dit de lire ce genre de bouquins. C'est un geste que les mecs devraient faire, regarder sur internet, se renseigner.
Avec l'augmentation du nombre d'abonnés à votre compte, avez-vous adapté votre humour à votre public ?
FN : Je ne sais pas, sans doute. Je suis follow par 70% de femmes sur mon compte à 400 000 abonnés. Je pense sincèrement que les femmes ont beaucoup plus d'humour que les hommes. Quand j'écris des blagues, elles sont plus réceptives que les mecs. Eux, ont tendance à se braquer pour rien.
Je me suis aussi professionnalisé dans l'écriture. Quand je revois certaines publications que je faisais à l'époque, ça fait un peu tonton beauf au repas de Noël c’est vrai. Je ne les ferai plus. Après quatre années d'écriture, j’ai progressé, surtout grâce à mon passage par Canal+ en tant qu'auteur pour l'émission le JT pressé.
Donc vous comprenez les personnes qui s'indignent de vos publications ?
FN : Bien sûr ! Je peux comprendre que ça énerve sur les réseaux sociaux : tu tombes par hasard sur une publication, tu ne l'apprécies pas et tu t'indignes. Mais je n'oublie pas que c'est sur les réseaux sociaux, beaucoup de gens vivent de ça, ils veulent juste être remarqués et gagner des abonnés en injuriant, c'est tout.
Souvent les insultes d’internautes n'ont pas de sens, je supprime leurs commentaires, ça ne sert à rien de discuter. Je préfère parler aux gens en face et essayer de comprendre leur discours.
Peut-on rire de tout ?
FN : Oui. C'est juste de l'humour, ça permet de désamorcer beaucoup d'émotions négatives. Le rire et l'humour nous permettent de prendre du recul sur des événements durs ou très graves. Il faut rire de tout.
Par exemple, j'ai un ami qui s'est retrouvé avec un bras mort après un accident de moto. Dans notre bande nous étions tous choqués, on ne savait pas quoi dire. Du coup on en a rigolé avec lui, et tout le monde se sentait mieux vis-à-vis de cet horrible accident. Le fait de rire est un système de protection pour gérer nos émotions. Je ne m'empêcherai jamais de rire."
Un humour auquel nous ne risquons pas d'adhérer. Une plainte sera donc déposée.
Ce dossier sera transmis à toutes les associations luttant contre la haine, ainsi qu'au chargé interministériel de la Dilcrah. La haine est un délit qui reste condamnable.
BTA