mercredi 24 novembre 2021

À 97 ans, Lily Ebert, rescapée d’Auschwitz, témoigne de la Shoah sur TikTok


Par Emile BENECH

Lily Ebert, 97 ans, est une rescapée d’Auschwitz. Sur le réseau social TikTok, elle publie quotidiennement des vidéos pour que la mémoire de la Shoah ne s’éteigne pas, avec l’aide de son petit-fils. Plus de 1,5 million de personnes suivent la nonagénaire établie au Royaume-Uni.Avec un grand sourire, Lily Ebert, 97 ans, prend le temps de répondre à ses abonnés sur le réseau social TikTok. Souvent coiffée d’un chapeau, la grand-mère de Dov Forman, qui la filme, oscille entre des vidéos qui donnent envie de lui rendre son sourire, ou d’autres qui hérissent le poil. Ici, elle prend le soleil, près de la mer. Là, la nonagénaire d’origine hongroise, établie au Royaume-Uni, raconte l’odeur de brûlé qui émanait du camp d’Auschwitz, où elle a été prisonnière. Elle y a été internée en 1944, après l’invasion de la Hongrie par les nazis. Une partie de sa famille y est assassinée immédiatement, tandis qu’elle est mise au travail forcé. Elle sera libérée en avril 1945.

« On peut apprendre de tout le monde »

Lily Ebert ne fait pas son âge. Énergique, elle cuisine, se promène, et prend le temps de partager sa vie. « Je n’aurais jamais cru que je deviendrais mère, encore moins arrière-grand-mère. Parce que je ne pensais pas que je survivrais à Auschwitz. J’ai finalement eu trois enfants, dix petits-enfants et trente-quatre arrière-petits-enfants, et je suis tellement reconnaissante. Chaque naissance a été un cadeau inestimable pour moi », explique-t-elle au quotidien britannique The Times, rapporté par Courrier International.

Son petit-fils, âgé de 17 ans, maîtrise les codes des réseaux sociaux. C’était son idée de les utiliser pour toucher un nouveau public, raconte Lily Ebert. « On peut apprendre de tout le monde, et j’ai appris beaucoup de choses de Dov. Je suis d’une tout autre génération, donc TikTok est encore assez nouveau pour moi. » Et le moins qu’on puisse dire, c’est que celle qui se considère encore jeune apprend vite. Sur ses vidéos, elle reprend parfois les codes des réseaux sociaux, comme sur cette vidéo, où elle demande quel bruit fait le renard, « What does the fox say », en référence à la chanson devenu virale du duo norvégien Ylvis.

Mais là où Lily Ebert est la plus poignante, c’est quand elle répond à ses abonnés, comme celle-ci, où on lui demande si les personnes internées dans les camps étaient au courant de l’existence des chambres à gaz. « Quand je suis arrivé à Auschwitz, jamais je n’aurais cru qu’il puisse exister de tels endroits. Pas dans mes pires cauchemars. Pourtant, ils étaient bien là », lui répond-elle.

@lilyebert

Reply to @rickybaker_ Even in my worst nightmare I didn’t believe they could exist 💔🥺 ##holocaustsurvivor ##learnontiktok ##jewtok##neverforget ##love

♬ Schindler's List - Movie Theme - Michele GarrutiDes attaques antisémites

Dans cette autre vidéo, elle raconte que son travail était de coudre les uniformes des officiers SS. Ici, elle montre le tatouage indiquant le numéro qui lui a été donné, à son arrivée au camp. Là, elle dit à quel point sa mère lui manque, elle qui l’a accompagné à l’entrée du camp, mais qui n’en est jamais ressortie.Ces souvenirs, Lily Ebert a dû apprendre à les raconter. C’est à la suite d’un travail avec un spécialiste des traumatismes, puis d’un retour à Auschwitz, en 1988, que sa parole s’est libérée, explique-t-elle au média israélien The Times Of Israel. « Depuis, elle a raconté son histoire un nombre incalculable de fois, que ce soit au Parlement britannique ou dans des écoles primaires – y compris celles que fréquentaient ses petits-enfants », relate le journal numérique.

Lire aussi : À Auschwitz, avec les derniers témoins français de l’horreur nazie

Pourtant, Lily Ebert n’a pas reçu que du positif sous ses vidéos éducatives. Sous un post où elle souhaitait un heureux shabbat à ses abonnés, en mai, elle a été la cible de plusieurs commentaires antisémites virulents.

« Je n’aurais jamais cru qu’en 2021 nous ferions encore face à de l’antisémitisme,explique-t-elle au Times. Je pensais que les gens auraient appris à vivre en paix les uns avec les autres. La seule façon d’avoir la paix, c’est de faire preuve de tolérance et de compréhension. Tout commence par des mots. Il faut être très vigilants. Et dès que l’on voit que les choses tournent mal, il faut faire quelque chose. »

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